J'ai été député pendant de nombreuses années et je n'ai jamais apprécié* le climat des "questions d'actualité", qui sont censées permettre aux députés d'interroger les ministres sur les sujets dits "d'actualité".
Ces séances des mardis et mercredis après-midi sont trop souvent l'occasion d'affrontements aussi inutiles que ridicules entre majorité et opposition. Le nécessaire débat démocratique ainsi que le contrôle de l'action gouvernementale, fonctions éminentes du Parlement, méritent mieux que le triste spectacle auquel on assiste trop souvent, critiqué par les médias.....qui le relaient largement.
Ce que nous avons vu et entendu lors de la séance d'hier est indécent et même indigne. A quoi riment ces simulacres d'unité nationale, ces "Marseillaise" chantées à l'unisson, ces grandes proclamations sur "l'état de guerre" (formule discutable, selon moi) si l'hémicycle de l'Assemblée Nationale ressemble à une cour d'école où les cris, les invectives, les applaudissements, les huées prennent le pas sur l'écoute, l'échange et la critique constructive?
Les parlementaires, supposés être à l'écoute des Français, doivent savoir que de tels comportements sont sévèrement jugés.
C'est pourquoi je fais la proposition suivante: que les Présidents des groupes parlementaires soient réunis par le Président de l'Assemblée et qu'ils décident, d'un commun accord et jusqu'à nouvel ordre, que ces séances de "questions d'actualité" ne donnent lieu à aucune manifestation (applaudissements, cris....) et que tous les intervenants -majorité, opposition, ministres- s'efforcent de contrôler leur mode d'expression.
La démocratie aurait tout à gagner à cet effort collectif, qui ne nuirait pas à l'unité nationale, dont chacun reconnaît la nécessité dans les douloureux moments que traverse notre pays.
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* Voir par exemple mes propositions faites en mars 2001 dans mon livre "les 577, des députés pour quoi faire?" (page 131)