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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Terribles exactions au Congo

Publié le 2 Avril 2016 par Paul Quilès in International et défense

Terribles exactions au Congo

      Les médias ont peu parlé des terribles exactions commises dans le Nord Kivu, en République démocratique du  Congo (à part un article publié dans La Croix du 22 mars 2016)

 

   Un ami vient de m’adresser ce texte rédigé par deux Pères Assomptionnistes (G. Mulimu et J.F. Petit). Il décrit bien l’horreur de ce qui se passe là-bas et qui ne peut nous laisser indifférents, même si notre attention est principalement focalisée sur les attentats terroristes en Europe et sur les guerres au Moyen-Orient.

 

     C’est très volontiers que je le publie, en espérant qu’il réveillera les consciences endormies....

 

***************

     « Après l’enlèvement de trois prêtres assomptionnistes (Jean-Pierre NDULANI, Anselme WASUKUNDI, Edmond KISUGHU) à Mbau au nord de la province du Nord-Kivu le 19 octobre 2012, dont on n’a aucune  nouvelle jusqu’à aujourd’hui, le dimanche 20 mars 2016 à 23 heures, une dizaine de soldats en uniformes des Forces Armées de la R. D. Congo, lourdement armés, ont fait irruption dans la maison et ont assassiné le Père Vincent MACHOZI.

 

     Il faut ici en donner les raisons.

 

      Ce qui se passe au Nord-Kivu

 

     Depuis le génocide rwandais de 1994, la province du Kivu, au Nord-Est de la RDC, est en sang. L’armée de l’ancien régime rwandais, celle des génocidaires, s’est déversée au Kivu avec tout son arsenal d’armement militaire, dissimulée dans les colonnes des réfugiés que les Kivutiens accueillaient généreusement. Cette armée est répartie en plusieurs maquis dans la forêt congolaise. Elle continue à tuer, à piller, à violer… La région est en effet très riche et convoitée pour ses minerais précieux. Il est difficile de ne pas penser que cette armée agit sous la protection directe ou indirecte du pouvoir en place dans le pays,  des pays voisins, notamment au bénéfice de multinationales anglo-américaines.

 

     Les présidences rwandaise et ougandaise, avec l’aide des gouvernants congolais, fabriquent ainsi de fausses rebellions et des milices satellites autour des maquis de cette ex-armée rwandaise (FDLR). Leur objectif véritable en est de chasser les populations congolaises de leurs terres par la violence afin de pouvoir y exploiter les minerais. Ils utilisent :

 

1-des assassinats : éliminer l’élite intellectuelle et toutes les formes de défense des droits de l’Homme ;

 

2- des enlèvements : des hommes, des femmes, des enfants, sont kidnappés et enrôlés dans les milices, où ils sont intoxiqués, drogués, pour des travaux forcés dans les mines, pour l’esclavage sexuel ;

 

3- un climat de terreur permanente, en vue de déplacement forcé des populations : plus d’un million de familles vivent dans des camps de fortune dans des conditions inhumaines ;

 

4- des viols massifs utilisés comme arme de guerre sur des femmes et des mineurs ;

 

5- l’incendie systématique des villages.

 

     Pour entretenir durablement ce chaos, leurs stratèges ont commencé par remporter la bataille de l’information en dissimulant, non seulement les vrais enjeux de ces  guerres, mais aussi et surtout les personnalités et les multinationales qui se procurent, par ce chaos, des profits faramineux.

 

   Ces massacres comportent aujourd’hui clairement une dimension génocidaire. Les populations congolaises tuées, violées et terrorisées fuient et abandonnent leurs terres, en général des terres très fertiles ou riches en gisement miniers. Elles peuvent alors être réoccupées par des populations en provenance du Rwanda et de l’Ouganda.

 

     La résistance des populations autochtones

 

     Les auteurs de ces violences sont toutefois confrontés à un obstacle : les populations autochtones de l’Est du Congo, en particulier les Nande, qui sont majoritaires dans la région et qui résistent à cette stratégie.

 

     C’est pourquoi, depuis 2010, se sont multipliés des enlèvements dans la population Nande : entre 2010 et 2013, plus de 800 personnes, dont 3 Assomptionnistes, ont été kidnappées. A partir d’octobre 2014,  la stratégie semble avoir changé : les gens sont tués sur place dans leurs maisons ou dans leurs champs, de manière à traumatiser les rescapés et ceux qui feront le constat. Ainsi, le 7 janvier dernier, à la cité de Miriki au Sud de Butembo, 18 personnes ont été sauvagement égorgées, à quelques 200 mètres du camp militaire des Forces Armées de R.D. Congo et à 500 m du camp des casques bleus de l’ONU (MONUSCO).

 

     Dans ces conditions, on peut  mieux comprendre l’assassinat du Père Vincent Machozi la nuit de dimanche des Rameaux. Il était devenu l’une des bêtes noires aussi bien pour Kigali et Kampala que pour Kinshasa, car il dénonçait publiquement ces exactions. Il avait entrepris de répertorier méticuleusement les atrocités commises dans la région en dénonçant les complicités. Il se savait menacé. "Priez pour moi parce que je vais être assassiné" avait-il dit récemment au P. Emmanuel Kahindo, vicaire général des Assomptionnistes. Il avait déjà échappé à plusieurs tentatives d'élimination.  Le site benilubéro.com  qu’il dirigeait met en lumière bon nombre de ces exactions.

 

     Par ailleurs, le Père Vincent Machozi était président d'une association culturelle qui œuvre pour le dialogue et la paix.

 

     Les congrégations de l'Assomption ont lancé un appel pour que soit menée une enquête internationale indépendante. N’hésitez pas à le signer : ICI  »

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C
Merci pour l'information claire et détaillé
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