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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Une fête de la rose sous le signe de Jaurès

Publié le 28 Octobre 2018 par Paul Quilès in Jaurès

Une fête de la rose sous le signe de Jaurès

     La « fête de la rose » organisée hier par la fédération socialiste du Tarn a montré que le PS, même affaibli par l’échec électoral de l’an dernier et par quelques défections, a la volonté et la capacité de repartir.

     Après avoir pris connaissance des prochaines étapes de cette reconstruction, présentées par la secrétaire nationale Gabrielle Siry, les militants ont entendu deux interventions.

     D’abord celle du député européen Eric Andrieu , porte-parole des sociaux-démocrates à l’agriculture. Favorable à un changement radical de notre modèle agricole, il a notamment montré les insuffisances de la prise en compte des dimensions sanitaire et environnementale dans la politique agricole menée actuellement au niveau de l’Europe, trop influencée par les lobbies. Il a également précisé les propositions des socialistes pour les prochaines élections européennes.

     Je suis ensuite intervenu pour présenter le rôle que devrait jouer l’Europe sur la scène internationale, alors que les tensions s’accentuent dangereusement, exacerbées par l’attitude irresponsable du président américain.

     Cela m’a donné l’occasion, dans ce « pays de Jaurès » que je connais bien*, de revisiter la pensée du grand socialiste qu’il fut, en rappelant notamment ses mises en garde avant le déclenchement de la 1ère guerre mondiale, qu’il pressentait comme une épouvantable boucherie (écouter son discours prémonitoire, prononcé à Vaise le 25 juillet 1914)

     Coïncidence, le jour même de cette « fête de la rose », j’ai assisté à Albi une conférence de l’historien Jean-Paul Scot sur le Congrès de Toulouse du parti socialiste en 1908, au cours duquel Jaurès fit adopter la stratégie de « l’évolution révolutionnaire ». Le texte ci-dessous, que j’ai écrit à ce sujet il y a 9 ans n’a pas pris une ride. Les dirigeants du PS pourraient s'en inspirer….

* J’ai été député pendant 14 ans de la circonscription de Jaurès (Albi- Carmaux) et j’ai organisé 2 grands spectacles « Ils ont tué Jaurès » et « Jaurès, une voix pour la paix ». Voir : "Jaurès, encore et toujours" 

« Etre fidèle à Jaurès aujourd’hui »

 (19 septembre 2009)

   Les défis du monde auxquels Jaurès était confronté s’appelaient : la paix, l’unité de la gauche, la laïcité, la justice, les droits sociaux, les institutions de la République. Un siècle plus tard, les mêmes défis, sous d’autres formes, sont devant nous.

  Etre fidèle à Jaurès aujourd’hui, c’est s’inspirer de son exemple dans les combats que doit mener la gauche :

   - la recherche de « l’arbitrage international » dans les conflits, pour éviter le fléau de la guerre, qui doit rester notre objectif en matière de politique internationale ;

   - la lutte contre les inégalités et contre la précarité, que la crise déclenchée par les errements du capitalisme financier a accentuées ;

   - les efforts pour faire progresser –pas seulement en paroles- l’indispensable rassemblement de la gauche, déjà si difficile il y a un siècle, mais rendu possible par la volonté de Jaurès ;

   - le renforcement de la démocratie, affaiblie aujourd’hui par une évolution des institutions vers une sorte de "monarchie républicaine". Rappelons- nous que Jaurès proposait de remplacer le Sénat par une « Chambre du travail », qu’il souhaitait une Assemblée nationale plus forte, pour équilibrer le pouvoir exécutif et que, pour lui, la démocratie passait par un lien fort entre les élus, le peuple, les partis, les syndicats.

- la défense de la laïcité, alors que, de façon insidieuse, la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat est à nouveau contournée et menacée.

    De façon plus générale, l’attitude de Jaurès dans le combat politique tranche avec bien des dérives que l’on constate aujourd’hui. Il répétait qu’il fallait "savoir dépenser sa popularité", en allant, lorsque c’était nécessaire, à contre-courant de l’opinion et de la mode. Belle leçon pour tant de responsables politiques –même à gauche-, obsédés par les sondages et le « politiquement correct » !

   Dans le débat, très « chaud » à l’époque sur la façon de combattre le capitalisme et de faire triompher le socialisme –réforme ou révolution ?-, Jaurès reprenait la fameuse formule de Marx sur « l’évolution révolutionnaire », en la précisant : « elle consiste à introduire dans la société d’aujourd’hui des formes qui la dépassent et préparent la société nouvelle… »

    Cet homme courageux, engagé, souvent révolté, défenseur des faibles contre les puissants, savait aussi faire les compromis nécessaires dans l’intérêt de la gauche. C’est ainsi qu’il accepta de voir certaines de ses idées fortes mises en minorité au congrès du Globe (1905), pour ne pas gêner l’unification des socialistes.

   Le monde a changé depuis un siècle, mais dans le climat de confusion, de doute et parfois de perte de repères qui est celui de notre pays, il est bon de revenir à Jaurès.

Une fête de la rose sous le signe de Jaurès
Une fête de la rose sous le signe de Jaurès
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