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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Ces malades qui nous gouvernent

Publié le 3 Octobre 2020 par Paul Quilès in International

Publié avec l'aimable autorisation du talentueux Jean Plantu

Publié avec l'aimable autorisation du talentueux Jean Plantu

      Ce texte, écrit par mon ami d'enfance, Marc Pasturel*, permet de comprendre comment un franco- américain, qui connaît bien la situation aux Etats-Unis, analyse la prochaine élection présidentielle.

NB: Le texte a été écrit la veille de l'annonce de la contamination de D. Trump au coronavirus.

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      Trump est un malade narcissique*, qui relève de la psychiatrie, dangereux parce qu'il alimente son égo démesuré par le mensonge, la division politique, les vicieuses attaques personnelles. Qui plus est, il n’a ni l’intelligence ni la patience ni l'intérêt pour maitriser des dossiers complexes. La seule "qualité" que je suis prêt à lui reconnaitre est celle de la manipulation médiatique de par sa pratique du Reality Show télévisé.

 

     Il a consacré sa gouvernance des quatre dernières années à maintenir sa base électorale, qui, d'après les sondages, s'est maintenue à un maximum de 40-45% des votants, plutôt qu'à essayer de rallier une partie du reste, ce qui, à mon avis, est un autre signe de sa médiocre intelligence, puisque in-fine cela va contre son intérêt principal qui est de se faire réélire.

 

          Biden n'était pas l'instigateur du pugilat qui a caractérisé le débat. L'objectif de Trump était de le déstabiliser publiquement pour faire douter de ses capacités intellectuelles. Il n'y est pas arrivé, même si Biden aurait pu prendre davantage de hauteur, difficile dans pareil contexte. S'il n'a pas le charisme d'un Kennedy, Bill Clinton ou Obama, Biden a une très grande expérience de la gouvernance [47 ans], entre autres de la Chine. Ses principes humanistes sont prouvés par sa politique passée et ses tragédies familiales. Il a l'âme et la sagesse d'un rassembleur, positionné au centre gauche.

      Il pourra gouverner sans le souci d'avoir à se faire réélire comme il l'a déjà annoncé. Kamala Harris, sa candidate à la vice-présidence, métisse et procureure-justice de talent, jeune quadragénaire, Démocrate centriste comme lui, est prometteuse : future candidate à la présidence ? Je m'attends à ce qu'elle brille mercredi prochain vis-à-vis d'un Pence fade et très inféodé à un christianisme évangélique réactionnaire étroit.

          Oui, Trump a sérieusement terni l'image de l'Amérique dans le monde. C'est grave mais j'ai confiance que le pays se réveille et que Biden-Harris relèveront la barre. Mais cela ne sera pas facile :

- Obama n'a pas rempli plus de 100 positions de juges de par le pays. Trump se vante d'en avoir placé quelques 300, tous très conservateurs, bien entendu. Il a aussi dé-tricoté un grand nombre de mesures d'Obama [protection de l'environnement, alliances traditionnelles notamment avec l'Europe, régulation du capitalisme sauvage, contrôle de l'immigration, mesures dont baisses d'impôts en faveur des fortunés, … ] qui vont prendre d'autant plus de temps à re-tricoter que le système judiciaire a viré vers plus de conservatisme.


- Le placement par Trump et Mitch McConnell [chef de la majorité Républicaine au Sénat] de Amy Coney Barrett, la 3ème juge acquise à son ultra-conservatisme qu'il aura placée au cours de son mandat,  représente un très grave développement, non seulement pour la cause des supporters de l'avortement et des minorités sexuelles, mais aussi pour les millions qui bénéficient du plan de santé d'Obama, le Obama Care, et enfin sur le long-terme, puisque les justiciers suprêmes sont intronisés à vie et que Barrett n'a que 48 ans.


- Trump, par son harcèlement et son intimidation, a étonnamment réussi à se hausser à la tête du parti conservateur républicain. C'est un manque de courage politique des Républicains qui devrait se retourner contre eux. 

            

      L'hypocrisie des sénateurs républicains d'avoir bloqué le candidat d'Obama à la Cour Suprême à 10 mois des élections présidentielles de 2016, et maintenant de refuser le même traitement pour le candidat de Trump, à moins de 6 semaines des mêmes élections, est un comble. C’est la preuve d'une boussole de l'éthique et du fair-play complètement déréglée. Pareil manquement entrainerait d'impressionnantes manifestations en France... Ici il suffit de pointer vers une interprétation étroite de la sacro-sainte Constitution, comme en témoigne le droit du citoyen à l'arme de guerre.

 

           Malgré cela, un nombre croissant de Républicains quittent le navire à mesure que l'échéance du 3 novembre approche, vraisemblablement parce qu'ils sentent le vent tourner...


          Et pourtant, quoique soucieux au vu de la taille de l'enjeu, je reste optimiste qu'un vote suffisamment massif contre Trump le privera, dès le début novembre, de toute justification de fraude pour s'accrocher au pouvoir. Il n'est pas exclu qu'il fasse appel à ses partisans violents d'extrême droite.

 

          Sinon, catastrophe !... car la Cour Suprême lui faciliterait la tâche, contrairement aux militaires qui lui sont en principe soumis en tant que Commandeur-en-Chef mais qu'il a eu l'incroyable maladresse de traiter de loosers et suckers ["perdants" et "poires"], lui qui s'est esquivé de tout service militaire pendant la guerre du Vietnam. (…)

 

Marc Pasturel 

 

* Marc se présente aussi comme "tarnais expatrié en Silicon Valley depuis une cinquantaine d'années, citoyen américain depuis 47 ans, qui n'a jamais manqué un vote [tous les deux ans] et jouit de la double nationalité, prêt à communiquer par courriel depuis marc@soleil.com "

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** Dénoncé comme tel par 13 psychiatres, au tout début de son mandat en 2017, sur la base de son comportement antérieur....

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B
Intéressant article écrit par un fin connaisseur.<br /> Je suis seulement réservé sur la notion de maladie narcissique relevant de la psychiatrie. Si j’ai bien compris mes confrères psychiatres, le narcissisme est une tendance de la personnalité, pas forcément une maladie. De manière plus générale, j’ai un peu de mal avec la qualification de malade psychiatrique quand on connait l’utilisation de ce qualificatif en politique, malheureusement pas seulement en URSS. De plus, les états psychiatriques relèvent en grande partie d’une notion relative. Je veux dire que la psychiatrie d’autrefois ne connait pas les mêmes définitions et limites que celle d’aujourd’hui. Par exemple, même la lecture du grand Sigmund Freud peut nous rendre perplexe quand il range la masturbation au rang des perversions. Bernadette Soubirous et les bergers de Fatima auraient-ils le même succès aujourd’hui ? Cette variabilité n’est pas que temporelle, elle est aussi spatiale. Ainsi, ce qui est normal dans un pays sera anormal, relevant de la psychiatrie dans un autre, dans une autre culture. Ainsi, les manifestations des pathologies psychiatriques varient aussi selon les lieux. Enfin, j’ai entendu des témoignages de la génération qui m’a précédée, celle de la deuxième guerre mondiale, évoquer des pathologies psychiatriques à l’origine des comportements des dirigeants nazis. Entre autres, des pratiques sexuelles d’Adolf Hitler jugées déviantes. Ou bien une addiction aux opioïdes d’Hermann Goering pourtant blessé lors de la première guerre mondiale. J’avoue ne pas être convaincu par ces arguments. L’accusation de pathologie psychiatrique ponctue souvent des conflits entre… psychiatres, mais pas seulement ! En politique, surtout si la personne a été élue, il convient de s’interroger sur la collectivité qui l’a portée au pouvoir. Autrement dit, Donald Trump est-il le symptôme d’une pathologie individuelle discutable ou bien, ce qui me semble plus vrai et plus fertile, celui d’une crise politique d’une Amérique conservatrice qui se crispe face aux défis présents et à venir ?
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P
Merci pour cette analyse très fouillée venant d'un praticien! Elle ne me rendra pas D. Trump plus acceptable dans un grand pays qui se réclame de la démocratie.