Le rapport d'évaluation du GIEC (groupe intergouvernemental d'experts sur le climat), qui vient d'être publié, a déclenché beaucoup d'émotion.
En effet, non seulement il fait le point sur le changement climatique (c’est la 6ème fois depuis 1990), mais il annonce des catastrophes aux conséquences irréversibles pour l’humanité si les mesures appropriées ne sont pas prises.
C’est là que réside précisément la difficulté majeure. Les déclarations appréciées par les commentateurs ne sont pas nécessairement suivies d’actes conséquents de la part des décideurs.
Souvenons-nous par exemple de la phrase forte de Jacques Chirac, alors Président de la République, en ouverture de son discours devant l'assemblée plénière du IVe Sommet de la Terre le 2 septembre 2002 à Johannesburg, en Afrique du Sud : "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs."
Et, plus loin, il ajoutait : " La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer, et nous refusons de l'admettre. L'humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La Terre et l'humanité sont en péril, et nous en sommes tous responsables. (…) Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas pour les générations futures celui d'un crime de l'humanité contre la vie."
Force est de constater que les belles intentions de l'orateur ne furent que très peu suivies d'effet de la part de ce dernier, de son auditoire et de ses cibles.
Aujourd’hui, malgré le travail exceptionnel du GIEC et l’apparente prise de conscience par les Etats de la gravité de la situation, on peut craindre pour l’humanité qu’un pareil scénario se reproduise dans quelques années.
La seule solution pour l’éviter me semble être une intervention directe de l’ONU pour établir (avec le GIEC) la liste des mesures concrètes à prendre pour chaque pays et à publier régulièrement l’état de leur avancement.
Cette démarche s’assimilerait à ce que l’on appelle en anglais le "name and shame" (littéralement "nommer et faire honte" en français), qui consiste à « afficher» publiquement le nom d’une personne ou d’une entreprise aux pratiques douteuses ou illégales* .
Une telle méthode peut paraître brutale, mais, si comme je le lis et je l'entends, ce qui se joue, c'est "l'avenir de l'humanité", il faudra bien trouver des démarches innovantes....
* Couramment employée au sein du monde entrepreneurial anglo-saxon, le "name and shame" est une pratique qui consiste à exposer au grand public – via les médias notamment – les mauvaises pratiques d'une entreprise, qu'elle soit contraire à la loi ou à l'éthique professionnelle, pour alerter les potentielles victimes et pousser les services compétents à prendre des mesures concrètes.