Cet article a été publié sur le site marianne2.fr sous le titre: "Pas besoin de nouvelles institutions pour que l'Europe
agisse".
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Deux évènements importants qui concernent l’Europe me suggèrent une réflexion, que,
malgré ma vigilance, je n’ai pas entendue dans le brouhaha politico médiatique ambiant.
De quoi s’agit-il ?
- D’abord de la négociation entre l’Union européenne et la Russie à propos de la crise de la Géorgie. On nous a dit en 2005 (lors du référendum sur le TCE) et répété (lors de l’adoption du traité de Lisbonne) que, sans institutions nouvelles, l’action internationale de l’Europe était bloquée, que celle-ci serait incapable de faire entendre sa voix….bref que ce serait la fin de toute ambition européenne. Pour ceux qui, comme moi, disposent de bonnes archives, il est aisé de retrouver ces sombres prophéties.
Et voilà que le Président de l’UE, le Président de la Commission européenne, le Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune se retrouvent tous les trois à Moscou pour négocier au nom de l’Union européenne avec le Président russe. Et voilà qu’ils obtiennent des résultats. Et voilà que les mêmes qui prédisaient hier l’incapacité de l’Europe à agir sur la scène internationale qui s’enthousiasment[1] devant cette preuve de l’efficacité diplomatique de l’Europe ! Comme on dit….. , cherchez l’erreur.
- Deuxième évènement, qui touche à l’action de l’Europe en matière de recherche. Dans un domaine vital pour l’avenir et pour la connaissance humaine, c’est une initiative de l’Europe qui vient de permettre une avancée majeure. Le succès de la mise en service par le CERN de l’immense accélérateur de particules[2] est la preuve que l’Europe a les moyens les crédits et les énergies du monde entier…..là où les Américains avaient échoué.
Ces deux exemples sont peut-être des exceptions, mais ils montrent de façon éclatante que le poids de l’Europe est fonction avant tout de
la volonté politique de ses membres et du dépassement des égoïsmes nationaux.
Y arrivera-t-on à 27, pour faire de l’Europe un espace de prospérité, de progrès social et une puissance qui compte sur la scène internationale? Ce sera certainement difficile et il faudra probablement procéder par le regroupement d’un premier groupe de pays volontaires (comme cela s’est fait pour la création de l’euro ou pour la libre circulation en Europe, avec la convention de Shengen). On pourra alors aborder sérieusement tous ces sujets majeurs que sont :
- une politique industrielle offensive soutenue par une politique monétaire favorable
- une défense européenne autonome par rapport à l’OTAN
- l’arrêt des politiques de dérégulation, en particulier dans les services publics
- un plan d’investissement et de croissance européen basé sur l’emprunt
- une politique énergétique capable d’assurer la sécurité, la diversité et l’indépendance énergétique de l’Union.
- une fiscalité redistributive clairement assumée.
C’est ainsi, à mon sens, que l’on réconciliera les peuples européens avec ce que devrait être l’ambition européenne.