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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

L’Afghanistan…après Ben Laden

Publié le 3 Mai 2011 par Paul Quilès in International et défense

     Ben LadenPendant toute la journée d’hier, j’ai suivi à chaque instant les informations concernant la mort de Ben Laden, à la suite de l'opération d'un commando américain menée au Pakistan. A plusieurs reprises, je suis intervenu pour dire que, si je comprenais la jubilation des Américains, qui se sentaient en quelque sorte « vengés » du drame du 11 septembre 2001, je me méfiais des conclusions hâtives et parfois superficielles.

     Ainsi, quand un conseiller de la Maison Blanche déclare à la télévision : « Al Qaida, c’est fini », il confond son souhait avec la réalité, parce que ce mouvement terroriste vient de perdre son icône, mais il peut encore malheureusement montrer sa capacité de nuisance. Il est probable par contre que ses objectifs seront plus territoriaux et que son discours délirant sur le Jihad global visant à détruire les Etats nationaux pour se débarrasser des « infidèles » et instaurer le « grand Califat » perdra de sa force. Déjà, les révolutions arabes ont montré qu’il n’était pas la référence des peuples cherchant à se libérer des dictateurs.

     Le terrorisme international ne disparaît pas avec Ben Laden et il faudra continuer à lutter contre cet ennemi de la démocratie et des Droits de l’Homme. Il ne s’agit pas d’une « guerre contre le terrorisme », contrairement à la malencontreuse formule de M. Fillon hier soir, empruntée au vocabulaire de George Bush. Les mots ne sont pas innocents, ils reflètent des concepts et on se souvient à quelles erreurs ils ont pu conduire. Le combat contre le terrorisme exige de nombreuses mesures touchant à plusieurs domaines (renseignement, forces spéciales, coopération internationale, finances….). C’est ce qu’on appelle un affrontement « asymétrique », parce qu’il n’est pas de même nature qu’une guerre entre deux Etats, entre deux armées. L’opération américaine contre Ben Laden (réussie sur le plan technique) en a apporté la preuve de façon indiscutable.

     On voit alors que l’argument de « la nécessaire  guerre contre le terrorisme et contre Ben Laden », souvent utilisée depuis des années pour justifier le désastreux engagement militaire en Afghanistan ne tient pas. Nul besoin de 150 000 hommes (dont près de 100 000 Américains) pour combattre Al Qaida, qui n’a quasiment plus d’effectifs sur le territoire afghan….et dont on réalise que son leader vivait paisiblement depuis six ans au Pakistan, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale !

     Si Barack Obama veut conforter sa position aux yeux de ses compatriotes, mais surtout auprès du monde musulman, il devrait maintenant se saisir de ce « succès » et prendre des décisions fortes pour se désengager d’Afghanistan, puisque l’argument principal mis en avant par les Américains est tombé. J’ai souvent dit et écrit que la situation afghane devenait un bourbier, que l'engagement militaire de l'OTAN conduisait à une impasse et que le règlement du conflit ne pouvait être que politique et international.

     La France pourrait prendre les devants et annoncer par exemple un retrait rapide et programmé de notre modeste contingent (moins de 4000 hommes), mais je crains que N. Sarkozy, dont on sent bien qu’il est à la fois fasciné et agacé par les initiatives et la stature du Président américain, soit incapable, une fois encore, de prendre la bonne décision. Mais enfin, il n'est pas interdit de rêver….

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G
<br /> Bonjour cher Paul QUILèS,<br /> <br /> Je partage entièrement votre billet, toute la conclusion comprise.<br /> <br /> Bien à vous,<br /> Gilbert de Pertuis en Luberon<br /> <br /> <br />
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