Comment se terminera « l’affaire des retraites » ? Chaque partie en présence en fait un thème clé de sa stratégie : les partis de gauche pour affaiblir la droite et pour essayer de gagner une crédibilité gestionnaire, les syndicats pour prouver leur capacité de mobilisation, le pouvoir (plus exactement N. Sarkozy) pour montrer qu’il est courageux et qu’il ne cède pas à la pression de la rue.
Au-delà de ces préoccupations, on ne doit pas oublier qu’il y a des femmes et des hommes inquiets pour leur avenir et qui se demandent, à jute titre, si les efforts dont on leur rebat les oreilles ne se feront pas sur leur dos. Chacun sent bien, même si la confusion dans les arguments entretient les slogans mensongers, que les salariés risquent d’être les grands perdants si le projet du gouvernement est mené à son terme.
Et c’est bien ce que prouvent ces chiffres indiscutables, qu’il faut répéter : la « réforme » du gouvernement se traduirait, à l’horizon de 2020, par un effort global de 30 milliards €, supportés à près de 84% par les salariés et 7% par les entreprises ! Dès lors, on voit bien que la vraie question n’est pas de nature technique, mais bien politique, au sens plein du terme. Ce qui est en question ici, c’est la justice sociale et la répartition des efforts.
Il devient urgent que, sur ce sujet comme sur d’autres, tout aussi essentiels pour une politique alternative que conduirait la gauche si elle accède aux responsabilités (l’éducation, les modes de production et la création d’emploi dans un modèle qui préserve l’avenir des hommes et de la planète, la place du travail, les choix en faveur d’une société fondée sur la solidarité et la confiance), des débats aient lieu.
Avec d’autres responsables, nous avons proposé (voir le texte de notre appel) que ces débats, qui permettraient de définir des orientations partagées et une base commune en vue d’une nouvelle majorité législative et gouvernementale, puissent se dérouler dans des lieux de rencontre de toute la gauche, par exemple sous la forme d’Etats généraux.
Nous disions : « Nous refusons d’être prisonniers des institutions actuelles de la Vème République, qui tendent à réduire la démocratie à des choix de personnes. Tout montre les faiblesses et les dangers de cette hyper présidentialisation, tant pour le pays que pour la gauche. C’est par un projet et des propositions de changements réels que l’on pourra mobiliser largement les électeurs et les citoyens. C’est en donnant au travail des idées la place qui doit être la sienne –première- qu’on pourra ramener vers les urnes tous ceux qui ne croient plus à l’exemplarité et à la sincérité de leurs dirigeants. C’est aussi la seule manière de créer une dynamique entre les élections présidentielle et législatives qui permette de dépasser la seule logique du fait majoritaire présidentiel. »
Le débat sur la réforme des retraites et les questions politiques fortes qu’il soulève montrent que notre proposition est toujours aussi pertinente. Il faut espérer qu’elle sera entendue.