Depuis plus de 15 jours, à la radio, à la télévision, dans la presse –en tout cas, partout où j’ai pu avoir accès- je n’ai cessé de demander l’instauration d’une « zone
d’interdiction de survol aérien » de la Libye. (Voir sur ce
blog)
Je suis inquiet de constater que cette mesure n’a toujours pas été prise, alors qu’elle s’impose de plus en plus pour protéger le peuple libyen contre les exactions de Kadhafi. C’est avec tristesse que, jour après jour, j’ai entendu les responsables politiques mettre en avant une succession d’arguments qui ressemblent à autant de prétextes à l’inaction.
Par exemple :
- On a commencé à objecter que la France, l’Europe, l’OTAN, les Occidentaux ne pouvaient décider seuls de prendre cette mesure. Lorsque j’ai répondu qu’il n’était pas question de cela et que, bien entendu, c’était au Conseil de sécurité de l’ONU de donner un mandat, on a indiqué que les Russes et les Chinois et peut-être même les Américains (membres permanents du Conseil de sécurité) risquaient de ne pas s’y associer.
- Puis, on a mis en avant le coût élevé de cette opération et les difficultés techniques. Mais…. à quoi servent les budgets militaires, les techniciens, les stratèges, les matériels sophistiqués ?
- Ensuite, on a évoqué le « risque » d’avoir à bombarder les défenses anti-aériennes et les installations radars libyennes….alors que les Occidentaux les connaissent bien, puisque ce sont eux qui les ont vendus ! Et les opposants à Kadhafi, ne prennent-ils pas des « risques » ?
- On n’a pas oublié de mettre en avant l’argument que cette mesure n’était pas demandée par les insurgés….jusqu’à ce qu’on entende rapidement leur voix angoissée suppliant la communauté internationale et même les Occidentaux de les aider.
- Pour se donner bonne conscience, on a même fait l’inventaire des moyens aériens de Kadhafi, en prétendant que seule une faible part de ces forces était opérationnelle et que, par conséquent, les bombardements créeraient peu de dommages !
La non-intervention serait-elle devenue la philosophie de la Communauté internationale ? Aurait-elle oublié « la responsabilité de protéger », qui devrait être la ligne de conduite de l’ONU ? Combien de temps encore vont-ils « réfléchir », comme ils disent ?
Mais, peut-être la réflexion va-t-elle s’accélérer, maintenant que les prix des carburants s’envolent et que la
pression migratoire se précise. Même si ces raisons utilitaires et intéressées ne sont pas glorieuses, il faut espérer qu’elles inciteront la Communauté internationale à passer de la
réflexion aux actes. C’est en tout cas ce que je souhaite et je sais, par les nombreux messages que je reçois, que je ne suis pas isolé.
Si cette décision n’était pas prise rapidement, avant que des catastrophes humanitaires ne surviennent, il faudrait appeler cette attitude de la Communauté
internationale et des responsables politiques –y compris français- pour ce qu’elle est : de la lâcheté.