Comment ne pas apprécier l’excellent billet de l’historien Christian Delporte dans Libération du 9 octobre (« En politique, le règne naïf du faux parler vrai ») ?
Son analyse de la tendance de plus en plus fréquente des hommes politiques à se relâcher dans leur expression publique est particulièrement bien venue.
On savait Nicolas Sarkozy expert dans l’utilisation de cette méthode, qui consiste à faire croire que « je parle comme vous, donc je suis comme vous ». Alain Juppé vient de lui emboîter le pas avec sa formule « C’est tout de même se foutre du monde ». Certaines récentes déclarations de responsables de gauche sur des « questions d’actualité » font malheureusement appel au même type de motivation.
Avec Christian Delporte, je pense que toutes ces « indignations télégéniques et ces propos « cool » sur les plateaux des talk- shows, répétés en coulisses, ne sont que le dernier avatar d’une novlangue en construction, débarrassée de ses lourdeurs technocratiques et fondée exclusivement sur l’émotion. Confondre relâchement de l’expression et parler vrai, n’est-ce pas un peu « se foutre du monde ? »