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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Conflit Israël- Palestine : que peut- on espérer ?

Publié le 11 Janvier 2009 par Paul Quilès in International et défense

J’avais envie de m’exprimer sur l’épouvantable « guerre de Gaza », sur la lourde responsabilité des Israéliens, sur le machiavélisme du Hamas, sur ces guerres qui se font désormais presque exclusivement sur le dos des civils, sur l’incapacité de l’ONU d’imposer le respect de ses décisions, sur la passivité des Etats- Unis (est-ce bien un hasard d’ailleurs si cette guerre s’est déclenchée juste avant l’arrivée en fonctions du nouveau Président ?).

 

            Et puis, je me suis plongé dans mes dossiers, pour me remémorer les enchaînements qui ont fait échouer toutes les initiatives de paix depuis tant d’années : Oslo (1993-95), Charm Al-Cheikh (1997-99), Camp David et Taba (2000-2001), la « feuille de route du Quartet*» (2002), l’initiative de Genève (2003)….Cette dernière initiative avait fait lever d’immenses espoirs. J’étais intervenu pour la soutenir. Elle est malheureusement restée lettre morte.

 

            J’ai extrait de mes archives les 2 documents qui suivent et qui montrent que l’analyse faite alors est toujours d’actualité !

                                                                         

            Et maintenant ? Au-delà des dénonciations et des mobilisations indispensables, que peut-on espérer, qui puisse faire cesser cette terrible guerre et envisager une paix durable ? Compte tenu des limites montrées par l’action de la Communauté internationale et de l’importance –que chacun connaît- de l’attitude des Etats- Unis dans ce conflit, je pense que l’espoir le plus tangible réside dans l’arrivée en fonctions de Barak Obama et dans le nouveau cours qu’il devrait donner à la politique américaine, en rupture avec la désastreuse ligne suivie par George Bush. Espérons…..

                                                                      

                                                                         Paul Quilès                

 

* Quartet : ONU, USA, Europe, Russie

 

 

1)- Extrait d’un article que j’ai publié en janvier 2004, pour soutenir l’initiative de paix courageuse de l’Israélien Yossi Belin et du Palestinien Yasser Abed Rabo. L’« accord de Genève », signé le 1er décembre 2003, visait à montrer que les termes d’un accord étaient possibles entre deux peuples apparemment engagés dans un conflit sans fin.

 

        Accord de Genève : parlons-en, même si Bush

    ne s’y intéresse pas !

 

          Le Président Bush n’a pas dit un seul mot dans son grand discours sur “l’état de l’Union” à propos du conflit  israëlo-palestinien, alors qu’une grande partie de son intervention  a été consacrée à l’Irak et à la lutte contre le terrorisme. Pas un mot non plus sur la tentative courageuse des initiateurs de l’accord de Genève pour trouver les voies de la paix. Raison de plus pour revenir sur  les grands mérites de cet accord.

 

          Un adage prétend que « le diable est dans les détails ». Ici, c’est au contraire le salut qui se cache dans l’énoncé détaillé de toutes les conditions de la paix. Jusqu’à présent, les négociateurs ont en effet cru pouvoir construire la paix sur des ambiguïtés et des non‑dits. Ils ont concentré leur attention sur le processus de paix en laissant dans le vague le résultat politique auquel il doit conduire. Ces tentatives ont voulu instaurer la confiance entre les deux parties, mais sans leur demander au préalable de s’entendre clairement sur les buts de la négociation. Il y a là une contradiction qui ne peut conduire qu’à l’échec.

 

           L’accord de Genève propose une démarche inverse. Il définit le contenu du futur accord de paix, sans évacuer aucune des questions clefs sur lesquelles les positions des uns et des autres apparaissaient jusqu’à présent inconciliables.

 

          Sur chacune de ces questions - celle du tracé des frontières, celle des implantations, celle des réfugiés et celle du statut de Jérusalem-, des solutions claires et équitables, parce que conformes aux intérêts fondamentaux des uns et des autres sont proposées. L’une des caractéristiques essentielles de l’accord est en effet qu’il réclame à chacune des deux parties la quantité de sacrifice juste suffisante pour lui permettre de sauvegarder l’essentiel. Ainsi, en contrepartie de la renonciation au droit systématique au retour, les Palestiniens obtiennent leur Etat sur l’essentiel du territoire de la Cisjordanie d’avant 1967, une grande partie de Jérusalem et la reconnaissance du préjudice subi avec les expulsions. De son côté, Israël obtient, en contrepartie de la renonciation à la plupart des implantations, la garantie de son caractère juif, la paix et la sécurité de ses frontières.

 

          Cet accord offre  un grand espoir à tous ceux qui mesurent les enjeux de la paix entre Israël et les Palestiniens. La paix, dont on semble si loin aujourd’hui, rendrait bien sûr à des millions de personnes l’espoir de retrouver une vie humaine et digne. Elle mettrait fin à plus d’un demi‑siècle de souffrances, de violences et de terrorisme.

 

          Mais elle ouvrirait aussi la voie au règlement des multiples conflits qui font du Moyen‑Orient un foyer de guerre permanent et qui retirent toute perspective de développement véritable aux peuples de la région. Je pense en particulier au conflit entre Israël et la Syrie, à l’occupation syrienne du Liban, aux tensions au Sud‑Liban.

 

          Plus largement, la paix entre Israéliens et Palestiniens est une des conditions du succès dans la lutte contre le terrorisme international. Car tant que cette paix ne sera pas conclue, les recruteurs du terrorisme trouveront un argumentaire facile et efficace dans le refus de reconnaître aux Palestiniens le droit de vivre dans leur Etat, dans la situation de misère et de chômage où le conflit les place et dans le cycle interminable des attentats et de la riposte militaire.

                                        (…….…….) 

          L’inaction de l’administration Bush est patente. Les partenaires des Etats-Unis au sein du Quartet semblent avoir renoncé à toute initiative propre et paraissent gagnés par le fatalisme. De leur côté, les extrémistes des deux camps font prévaloir leurs méthodes : multiplication des attentats d’un côté, développement de la colonisation, construction du mur de sécurité et incursions armées de l’autre.

 

          Dans cette situation apparemment bloquée et chaque jour plus dégradée, l’accord de Genève a l’immense mérite d’énoncer clairement les conditions objectives de la paix.

                                        (…………..)

____________________________________________________________
 

 2)- Extrait de mon intervention au colloque de Berlin le 13 mai 2004

 

Les voies de la Paix pour le Moyen Orient 

 

Pour instaurer une paix durable dans l’ensemble de la région qui s’étend de la Méditerranée à l’Iran, un préalable s'impose : la relance crédible des négociations visant au règlement du conflit israélo‑palestinien.

 

Ce conflit occupe en effet une place centrale dans les perceptions et les demandes de sécurité des pays de la région. Tant qu'il constituera un foyer permanent de violences et de ressentiments, il sera illusoire de vouloir garantir la stabilité interne ou externe de ces pays.

 

Après plus d'un demi‑siècle d'affrontements, l'incompréhension, la crainte et même la haine sont devenues trop fortes pour qu'Israéliens et Palestiniens parviennent seuls à un accord. Toute attitude d'abstention, consistant à demander à Israël et à l'Autorité palestinienne de régler leur conflit par la seule négociation bilatérale est donc contraire aux intérêts de la paix dans la région et, plus largement aux nécessités bien comprises de la lutte contre le terrorisme.

 

Une implication forte de la Communauté internationale et des grandes puissances dans la résolution du conflit est dès lors indispensable.  Ce quatuor parraine actuellement la « feuille de route » destinée à conduire à la paix en 2005 à l'issue d'une série de mesures concrètes et réciproques de normalisation des relations entre Israël et les Palestiniens puis entre Israël et les pays arabes environnants.

 

Près de deux ans après le lancement de la feuille de route, la première étape n'est toujours pas appliquée. L’inaction de l’administration Bush est patente.

                                    (………………..)

Le gouvernement d'Ariel Sharon semble même se détourner de la solution des « deux Etats », préconisée par l’ONU et le Quartet, alors que cette solution est la seule à pouvoir permettre un règlement juste et durable.

 

Le Président Bush a d'abord semblé cautionner cette approche en prenant publiquement des positions proches de celles du gouvernement israélien, sur la question des frontières comme sur celle des réfugiés. Puis, quelques jours plus tard, il a réaffirmé son soutien à la feuille de route, en reconnaissant qu'une paix durable ne pourrait résulter que d'une négociation effective et de la prise en compte sincère des intérêts des deux parties. Ces positions confuses de l’administration américaine ne font que traduire son incapacité actuelle à jouer le rôle exclusif de proposition et de conciliation qui lui est reconnu de fait par la Communauté internationale depuis plus de dix ans.

 

Dans cette situation chaque jour plus dégradée, le projet d'accord signé à Genève en décembre 2003 représente un grand espoir. Jusqu’à présent, les négociateurs ont cru pouvoir construire la paix sur des ambiguïtés et des non‑dits. Ils ont concentré leur attention sur le processus de paix en laissant dans le vague le résultat politique auquel il doit conduire. L’accord de Genève propose une démarche inverse. Il définit le contenu du futur accord de paix sans évacuer aucune des questions clefs sur lesquelles les positions des uns et des autres apparaissaient jusqu’à présent inconciliables.

                                (…………..)

L’Union européenne doit abandonner l’attitude de passivité et d’inertie dans laquelle elle s’est trop longtemps cantonnée. Les protagonistes de ce conflit, tout comme l’actuelle administration américaine, n’offrent aucune perspective de solution. Or, pour qu’Israéliens et Palestiniens puissent se faire confiance et croire à la volonté de l’autre de faire la paix, ils doivent être assurés que tous les efforts seront faits, toutes les garanties données, toutes les pressions nécessaires exercées par les puissances qui auront choisi de les accompagner sur le chemin de la paix.

 

L’Union européenne pourrait prendre une initiative véritablement à la mesure de la gravité de l’enjeu, en saisissant le Conseil de sécurité de l’ONU du contenu de l’accord de Genève et en l’invitant à établir à brefs délais un mandat international provisoire dans des frontières correspondant à celles attribuées au futur Etat palestinien par l’accord de Genève.

Le Conseil de sécurité devrait ensuite déployer rapidement à l’intérieur de ces frontières et autour des colonies juives une force d’interposition crédible, dont le commandement pourrait être confié aux Etats‑Unis. Parallèlement, il devrait intervenir et   convoquer une conférence internationale chargée d’élaborer, en accord avec les parties israélienne et palestinienne, un règlement définitif de paix sur la base des clauses de l’accord de Genève. Ce règlement de paix serait accompagné d’un accord général de sécurité associant l’ensemble des pays de la région. Il devrait être complété et appuyé par un vaste plan de reconstruction économique sous l’égide notamment des Etats-Unis et de l’Union européenne. La prospérité économique sera en effet le meilleur garant de la consolidation de la paix.

                                    (…………..)

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R
Bonsoir,<br /> <br /> Je me permets de vous faire suivre un lien vers le dernier article d'Edwy Plenel sur le site du journal Mediapart, intitulé : "Obama, Israël et Palestine : où se joue la paix du monde".<br /> Je pense que cette analyse devrait vous intéresser.<br /> <br /> Lien : http://www.mediapart.fr/journal/international/210109/obama-israel-et-la-palestine-ou-se-joue-la-paix-du-monde<br /> <br /> Bonne soirée.<br /> <br /> Rinema
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