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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Mensonges par omission

Publié le 21 Février 2010 par Paul Quilès in Réflexions à haute voix

inegalites.jpg     Dans la période de grave crise économique et sociale que nous traversons, les citoyens, quel que soit leur statut (travailleurs, chômeurs, retraités…..), sont particulièrement sensibles aux injustices et aux inégalités.

     Il faut dire que l’actualité est riche en excès difficiles à supporter et, pour beaucoup de Français, difficiles même à comprendre. La reprise des bonus, les résultats exorbitants des banques, les salaires indécents de certains grands chefs d’entreprise …..tout ceci a de quoi choquer, quand on sait par exemple que 600 000 chômeurs en fin de droits risquent de ne pas être indemnisés cette année ou que 3,5 millions de personnes sont logées dans des conditions indignes !

     C’est dans ce climat que le gouvernement et l'UMP cherchent à affoler l’opinion avec des phrases fortes et définitives (« il faut sauver le système de retraites », « il faut sauver la sécurité sociale »), à partir de chiffres présentés comme des évidences.

     Ecoutez-les justifier des mesures qui affaiblissent notre système de santé, pour résorber le déficit de la sécurité sociale….en oubliant que celui-ci est du même ordre de grandeur que le montant des exonérations de cotisations (30,7 milliards € en 2008).

     Ecoutez-les préparer une réforme des retraites qui va accentuer les inégalités et la précarité….en oubliant que d’autres réponses sont possibles (voir sur ce blog « le devoir de clarté de la gauche »).

     Ecoutez-les annoncer les mesures de RGPP* destinées à réduire le déficit du budget de l’Etat (149 milliards €), en se focalisant sur le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux…alors que ce dispositif ne rapportera que 500 millions €, soit 0,5% du déficit !

     La gauche, qui dit vouloir lutter contre les inégalités, doit avoir le courage et la volonté de:

1) poser clairement les problèmes, sans s’abriter derrière des slogans ou des formules ;

2) proposer des choix destinés à modifier la répartition des richesses et des charges, pour que la solidarité ne soit pas un vain mot, ce qui implique de dire qui gagnera et qui perdra ;

3) débattre des priorités, car on voit bien par exemple qu’il ne sera pas possible de faire disparaître toutes les exemptions -les fameuses « niches »- sociales et fiscales**, causes de tant d’injustices et de pertes de recettes. Certaines présentent un intérêt économique ou social (recherche, emploi…), mais ce n’est pas le cas de bon nombre d’entre elles. Pour ne prendre que quelques exemples:
- L’exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires, mesure coûteuse (3 milliards €) et scandaleuse en période de chômage
- Le « bouclier fiscal », moins coûteux (700 millions €) mais tout aussi scandaleux, puisqu’il concerne moins de 20 000 personnes et qu’un millier d’entre elles ont touché environ 500 millions € !
- La TVA à 5,5% dans la restauration (2,4 milliards €), cadeau aux effets particulièrement faibles, notamment sur le niveau des prix.
- L
’exonération d’impôt sur les sociétés des plus values de cessions de filiales***. Grâce à l’opiniâtreté de Didier Migaud, Président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, on a découvert que ce  cadeau fiscal, accordé par le Ministre des finances en 2004 (un certain N. Sarkozy !), a coûté à l’Etat 22 milliards € sur 3 ans…une bagatelle qui équivaut au déficit de la sécurité sociale en 2009 !! 

 

     Relever les omissions de la droite et ses présentations fallacieuses–qui sont autant de mensonges- est indispensable, mais ce n’est pas suffisant.
     Dans ce domaine si sensible de la justice sociale et fiscale, d’autres choix, à condition qu’ils soient débattus puis présentés par l’ensemble de la gauche, peuvent mobiliser une majorité de Français et leur rendre l’espoir qu’une autre politique que celle qu’ils subissent depuis plusieurs années est possible.

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* Révision Générale des Politiques Publiques

** Ces niches représentent 140 milliards € chaque année (voir l’excellent dossier publié à ce sujet par Libération le 28 janvier 2010)

*** Ce dispositif permet aux entreprises de ne pas payer d’impôt sur les plus- values encaissées lors de la vente de filiales ou de participations, à condition de les avoir détenues au moins 2 ans. C’est ainsi que le groupe Danone a pu économiser 500 millions € !

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